Rencontre avec Laurent Monrolin : organisateur de la Classic Grand Besançon Doubs et du Tour du Jura
Avec la Classic Grand Besançon Doubs, le Tour du Jura et le Tour du Doubs, la Région Bourgogne-Franche-Comté et ses départements s'est offerte un week-end cycliste avec 3 manches de la Coupe de France FDJ. Rencontre avec Laurent Monrolin, organisateur de deux (Classic Grand Besançon Doubs et le Tour du Jura) de ces trois épreuves, qui revient sur la genèse du projet, les enjeux de territoire et les défis actuels de l’organisation.
Lncpro : Vous avez été précurseur en proposant un format resserré de deux courses sur un week-end, comment cette idée est-elle venue ?
Laurent Monrolin : À l’origine, le Tour du Jura était une épreuve amateur, une course à étapes. Quand on est passé dans les rangs professionnels en 2020-2021, on a voulu aller plus loin. L’idée, c’était de proposer un week-end complet de cyclisme pour être plus attractifs, notamment pour les équipes. C’est là qu’est née la Classic Grand Besançon Doubs, qu’on a ajoutée au calendrier pour créer deux jours de course. Ensuite, on a commencé à travailler avec les organisateurs du Tour du Doubs, en se disant : si on propose trois jours consécutifs, on valorise encore davantage notre territoire, la Franche-Comté. Et en plus, il y avait une vraie démarche éco-responsable derrière : mutualiser les déplacements, la logistique, les équipes. C’est tout ça qui a permis de bâtir ce triptyque.
Lncpro :Comment cette démarche a-t-elle été accueillie par les collectivités locales, qui sont souvent des partenaires clés ?
Laurent Monrolin : Plutôt très bien. Dès le départ, notre démarche va au-delà du simple aspect sportif. Bien sûr, le sport est notre fil conducteur, mais on est surtout dans une logique de valorisation du territoire. C’est ce qu’on met en avant dès qu’on va rencontrer une collectivité. Quand on présente une épreuve comme le Tour du Jura ou la Classic Grand Besançon, on parle savoir-faire local, images valorisantes, attractivité touristique. Le cyclisme est parfait pour ça : les images d’hélicoptère, de moto, les paysages... C’est une vitrine. Comme je le dis souvent : parrainer une course cycliste, c’est parrainer un territoire.
Lncpro : Et pas de problèmes entre organisateurs, pas trop de conflits sur les partenariats ou les ressources ?
Laurent Monrolin : Non, au contraire. Chacun est bien implanté dans sa zone. La Classic Grand Besançon Doubs s’inscrit sur la métropole bisontine, le Tour du Jura reste très ancré dans le département, et le Tour du Doubs est basé plus à l’est, vers la frontière suisse, autour de Pontarlier et Morteau. Ce sont trois zones de chalandise complémentaires, mais pas concurrentes. Même sur les partenariats privés, on a des interlocuteurs différents. Ça fonctionne bien car chacun reste sur son territoire naturel.
Lncpro : Quand vous construisez un parcours, est-ce que ce sont les collectivités qui vous demandent certaines choses, ou est-ce plutôt vous qui faites des propositions ?
Laurent Monrolin : C’est surtout nous qui sommes force de proposition. Quand on trace une course, trois critères nous guident : la sécurité d’abord, l’intérêt sportif ensuite, et bien sûr, la valorisation touristique. Par exemple, cette année sur la Classic Grand Besançon, on passe à proximité du musée des Maisons Comtoises de Nancray, un site touristique phare du Doubs. On traverse aussi Besançon et sa célèbre citadelle, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces choix ne sont jamais anodins : ils s’inscrivent dans notre stratégie de mise en valeur du territoire.
Lncpro : Un nouveau modèle économique pour vos courses est-il déjà en réflexion ?
Laurent Monrolin : Oui, on y réfléchit déjà. On souhaite développer davantage l’hospitalité. On essaie de proposer des immersions, des expériences pour les partenaires. L’idée, c’est de leur faire vivre l’événement de l’intérieur. Dans le Jura, c’est plus simple, car on est chez nous, bien implantés depuis 20 ans. À Besançon, on est en concurrence avec d’autres sports : foot, hand, basket... On reste une épreuve parmi d’autres. C’est plus dur de s’y faire une place.
Par Fred Vdb - photo DR Classic Grand Besançon Doubs